Diversité et polyculture humaine

Diversité et polyculture humaine

14 novembre 2019 0 Par Claudine

Favoriser la diversité et la valoriser, voici un beau principe de la permaculture qui vous sera utile tous les jours tout en faisant du bien à la planète. On pense évidemment à la biodiversité… mais il serait dommage d’oublier que ce principe concerne tous les aspects de la vie, même les humains. Alors, en route vers la polyculture de tous les possibles !

La clé de la résilience

La permaculture nous apprend que chaque élément d’un système devrait remplir plusieurs fonctions, et que chaque fonction importante devrait être remplie par plusieurs éléments. Ceci n’est possible que dans un système très diversifié : dans un champ en monoculture ou lors d’une sélection trop maigre de variétés, il suffit par exemple d’un petit champignon pour détruire toute la récolte, parfois à l’échelle d’un pays. En revanche, un jardin en polyculture est beaucoup plus résilient et, même si l’une des récoltes est détruite par ce fameux champignon, cela n’impactera que peu la production globale de nourriture.

La diversité, indispensable au bon fonctionnement d’un système, est ainsi fondamentale et la Nature l’a bien compris. Il suffit de se coucher au printemps dans l’herbe d’une prairie fleurie non traitée pour le voir. Dans la vie de tous les jours, favoriser la diversité est donc l’une des clés de la résilience et peut concerner tous les aspects du quotidien : diversité de cultures au jardin, de revenus, de moyens de transport, de sources d’énergie… Mais la biodiversité, puisqu’elle est vivante et agit d’elle-même, a l’avantage de travailler pour vous si vous la laissez faire. En la favorisant, vous vous simplifiez donc le quotidien tout en encourageant la Nature dans ce qu’elle sait faire de mieux : la permanence.

Polyculture humaine

L’Humanité est immensément variée et, tant mieux pour nous, recèle d’innombrables ressources que nous n’avons pas et dont nous avons besoin pour faire fonctionner nos systèmes. Même si l’on est autosuffisant-e dans sa propre microferme, on y sera parvenu grâce aux précieux enseignements d’une ribambelle de professeur-es qui s’ignorent. En outre, j’estime pour ma part qu’il est bien triste de chercher à tout faire soi-même, car chacun-e a des compétences et des dons qui lui sont propres, et qu’il est beau de valoriser. Par exemple, je sais coudre mais n’aime pas ça : pourquoi me priverais-je de donner mes travaux de couture à quelqu’un qui aime le faire et le fera beaucoup mieux, en échange de quelque chose que j’aime faire moi-même ? Dans notre système comme dans nos vies, la « polyculture humaine » a beaucoup à nous offrir : apprentissages, ressources, bien-être, joie…

Voici une petite histoire qui illustre selon moi les bénéfices de la polyculture humaine, tirée du Tome I du très beau Vivre avec la Terre, Manuel des Jardiniers-Maraîchers de Perrine et Charles Hervé-Gruyer (1) :

« Connaissez-vous l’histoire du berger et du consultant ?
Un berger fait paître son troupeau au bord d’une route lorsqu’une grosse voiture s’arrête. Un homme en descend, sûr de lui, bien habillé. Il toise le berger et lui déclare :
– Si je vous dis combien de moutons il y a dans votre troupeau, vous m’en donnez un ?
Le berger marmonne dans sa barbe :
– Je voudrais bien voir cela !
– Vous avez 528 moutons.
Le berger ouvre des yeux ronds.
– Comment avez-vous fait ?
– Facile ! J’ai calculé la superficie du terrain occupé par votre cheptel et multiplié par la densité moyenne de moutons au mètre carré dans votre région. C’est mon métier, je suis consultant.
L’homme s’empare du premier animal venu et entreprend de le charger dans son coffre.
– Ben… Y a juste un problème, dit le berger.
– Quoi ?
– C’est mon chien que vous embarquez ! »

A chacun-e ses compétences, ses savoir-faire et ses qualités, qu’il est utile et beau d’encourager et de mettre en commun. Vive la polyculture humaine !

Source des citations :

(1) HERVE-GRUYER, Perrine et Charles. Vivre avec la Terre, Manuel des Jardiniers-maraîchers. Tome I, Permaculture, écoculture : la Nature nous inspire. Actes Sud et Ferme du Bec Hellouin, Arles, 2019, p.159.