Le -presque- Zéro déchet, notre expérience
Ne produire presque plus de déchets incinérables et réduire les déchets recyclables, c’est faisable et rend la vie plus belle… Car on consomme en conscience, pour son bien-être et celui de la planète. Après bientôt deux ans de « presque Zéro déchet », voici notre retour d’expérience.
Le zéro déchet, c’est quoi ?
Avant de débuter le « Zéro déchet », je pensais à tort qu’il s’agissait de ne plus produire de déchets incinérables, ce que je trouvais profondément hypocrite : que faire des matériaux recyclables, qu’on ne peut recycler que de façon limitée pour la plupart d’entre eux, et à grands renforts d’énergie ? Histoire de me faire une opinion éclairée, j’ai participé à un cours d’introduction donné par l’Université Populaire Biennoise et lu le livre de Béa Johnson, Zéro déchet, 100 astuces pour alléger sa vie, l’une des références en la matière. J’ai alors découvert que le Zéro déchet propose de modifier notre mode de vie afin d’acheter en conscience et préserver ainsi les ressources… Tout en allégeant notre existence pour ne posséder plus que l’indispensable, et redonner leur juste valeur aux joies simples. Tout un programme qui, selon moi, fait grand sens et change profondément notre regard sur la consommation.
La mise en place
Conquis par l’idée, nous avons gentiment commencé à réduire l’achat de denrées emballées et mis en place un système de tri plus clair afin de ne plus jeter des matériaux en réalité recyclables. Il ne s’agit là « que » de changer ses habitudes : se munir de contenants réutilisables pour faire ses courses et stocker les aliments (sacs en tissu, bocaux), s’organiser pour n’acheter que le nécessaire (avoir toujours sa liste sur soi), trouver des épiceries vrac, des alternatives aux produits cosmétiques et ménagers emballés, produire ses laits végétaux, biscuits, pâtes à tartes soi-même, et ainsi de suite… Cela pousse à acheter uniquement ce dont on a vraiment besoin, à consommer local (vous trouverez plus facilement des yoghourts en bocaux consignés venant de producteurs du coin plutôt que du fin-fond de l’Europe), à faire des économies tout en soutenant l’économie locale, à manger des produits plus sains et plus respectueux de l’environnement, et à prendre le temps de faire les choses… Perspective plaisante dans une société qui pousse à tout faire à 100 à l’heure sans réfléchir.
Puis, nous avons suivi les précieux conseils de Béa Johnson et avons scrupuleusement trié tout ce que nous possédions en procédant par catégories (vêtements, livres, CDs, …) et par pièce (cuisine, salon…), afin de ne garder que les objets dont nous avions réellement besoin. Admettons-le, il n’est pas facile de se séparer d’autant d’objets et c’est un incroyable exercice de lâcher-prise. Pourtant, comme cela allège l’esprit et aère l’intérieur ! Un vrai bonheur ! Cette démarche nous a également permis de réduire nos achats de vêtements, mobilier, ustensiles, etc., si bien que nous pouvons vivre dans un appartement assez petit sans nous sentir à l’étroit. Puisque nous réfléchissons vraiment avant d’acquérir un nouvel objet (en a-t-on vraiment besoin ? Quel objet sera le plus adapté pour nous ? Quels matériaux/producteurs/fournisseurs nous semblent les plus appropriés ? Peut-on l’acheter de seconde main ou non ?), nous apprécions véritablement les achats que nous faisons et prenons soin de ce que nous possédons déjà. C’est ainsi un vrai plaisir de devenir véritablement acteurs de notre consommation, plutôt qu’acheteurs passifs.
Tout au long de ce parcours, nous avons également suivi des cours, fait des lectures et participé à des ateliers pour trouver des astuces et apprendre à faire les choses nous-mêmes. Résultat : de belles rencontres et d’inestimables apprentissages.
Et la suite ?
Se fixer des objectifs, voici la clé… Après quelques mois, nous avons remarqué que la quantité de nos déchets incinérables et recyclables ne diminuait plus. Partis d’un volume de 35 litres de déchets incinérables par mois pour 3 personnes (dont un bébé), nous sommes arrivés à notre objectif initial : 17 litres par mois. Quelle joie lorsque nous avons atteint notre but et constaté que notre volume restait constant au fil des mois ! Mais après avoir observé le contenu de notre poubelle et de nos sacs de recyclage, nous être posé certaines questions et avoir bien réfléchi, nous nous sommes fixé un nouvel objectif : 8 litres de déchets incinérables par mois, soit la moitié du volume actuel. Cela profile de nouveaux changements d’habitudes et de consommation, que nous avons définis en fonction de nos limites. Rendez-vous dans 6 mois pour voir si l’objectif est atteint !
Ça vous tente ?
Après bientôt deux ans de presque Zéro déchet, nous ne reviendrions pas en arrière, convaincus que ce mode de consommation est un très bel outil pour vivre en accord avec nos valeurs. Je ne peux donc vous recommander qu’une chose : à votre échelle, pas à pas, tentez l’expérience ! Voici quelques conseils pour faciliter votre aventure…
- Renseignez-vous sur le sujet par des discussions, des conférences ou des lectures (je conseille sans réserve le livre de Béa Johnson, qui donne non seulement de précieux conseils, mais aussi un certain soutien moral…).
- Puis, si vous êtes définitivement convaincu-e par l’idée, lancez-vous sans hésiter en commençant par noter la quantité de déchets habituelle que vous produisez, par exemple par mois. Pourquoi ? Parce que vous pourrez ainsi vous fixer des objectifs et, lorsque vous les aurez atteints, célébrer et prendre le temps de la réflexion : souhaitez-vous poursuivre l’expérience ? Quels sont vos nouveaux objectifs ? Que pouvez-vous améliorer ou changer ? Etc.
- Entourez-vous, discutez, communiquez : pourquoi ne pas tenter l’aventure avec un-e ami-e, une autre famille, un groupe ? Ainsi, vous vous sentirez soutenu-e et pourrez partager vos réussites et questionnements.
- Observez le contenu de votre poubelle, afin de réduire petit à petit chacune des sources de déchets en vous donnant des « missions ». Votre poubelle est pleine de pots de yoghourts ? Il est peut-être temps de passer aux contenants consignés. Elle déborde de paquets de viande ? Allez à la boucherie Tupperware à la main. De tubes de dentifrice ? Suivez un cours pour apprendre à faire vos cosmétiques vous-mêmes…
Votre démarche n’a de bornes que votre imagination et votre énergie. N’oubliez donc pas de respecter vos limites et de vous fixer des objectifs réalisables, en accord avec votre contexte et vos ressources, pour que le voyage soit tout aussi beau que l’arrivée… Bon vent !
Bonjour Claudine,
Tout d’abord bravo pour votre initiative. Une question me taraude après la lecture de votre intéressant article. Comment faites-vous quand vous êtes en déplacement? En effet, on ne peut pas toujours emmener son pic nique pour 2 jours, surtout avec un bébé, et il n’y a souvent aucune épicerie en vrac aux alentours… Comment réagiriez-vous?
Bonjour Pauline,
Merci pour ces encouragements ! En réponse à votre question, je prendrai l’exemple de nos vacances d’une semaine au camping cet été. Hormis les couches culottes, jetables pour l’occasion (et que nous avons détesté utiliser… et ferons notre possible pour ne plus jamais réutiliser), nous nous étions munis de nos provisions en vrac, fait nos sandwiches au jour le jour et les avons emballés dans nos beeswraps, et avons acheté quelques denrées fraiches sur place. Au final, très peu étaient emballées et nous n’avons pourtant manqué de rien. Sans voiture, la chose est difficilement réalisable pour une semaine car cela prend de la place. En revanche, pour deux jours de déplacement avec pique-nique et couches lavables, ça fonctionne très bien avec un gros sac à dos !