Un biotope pour Edelweiss
Enfin ! Un de mes rêves de jardinière s’accomplit, grâce à deux petites et magnifiques Edelweiss qui pointent sur ma terrasse le bout de leur joli capitule…
Une plante alpine à Engollon
L’Edelweiss est bien connue pour être une plante alpine aimant les terrains calcaires bien drainés… Or, notre terrasse d’Engollon n’est ni une région alpine, ni un terrain particulièrement calcaire (ce n’est d’ailleurs pas un terrain du tout). Mais voilà : je voulais vraiment essayer de faire pousser des Edelweiss au plus près de mon habitation, pour pouvoir les contempler tous les jours. J’ai donc acheté avec passion, lors de mes dernières vacances au camping, deux plants d’Edelweiss au très beau jardin botanique alpin de Champex-Lac.
Engollon est à quelques 700 mètres d’altitude, rien à voir avec les montagnes tant aimées de ces belles étoiles. Mais, m’ont dit les excellents agents d’accueil du jardin, tout est possible si l’on reconstitue des conditions de culture proches du biotope naturel des Edelweiss : un terrain calcaire et bien drainé, une exposition forte aux gelées hivernales et un ensoleillement important en été. Assez convaincue que cela ne fonctionnerait pas sur ma terrasse, j’ai mis les deux plants dans la spirale de fleurs de notre jardin, très exposée aux vents froids d’hiver. Ni une ni deux, j’ai intégré des cailloux locaux (calcaires car nous sommes sur la chaîne du Jura, ne l’oublions pas) pour rendre le sol plus drainant.
En quelques mois seulement, les deux plants ont bien failli mourir car le sol était bien trop humide… Un simple coup d’oeil à la plante d’à côté aurait dû me prévenir : une valériane, qui affectionne les sols humides, pousse là depuis des années. Oups ! Vite, j’ai déterré mes précieux plants en cherchant désespérément un endroit qui conviendrait… C’est ainsi que l’aventure « terrasse » a débuté.
Un petit coin d’Alpes sur la terrasse
Bon, comment faire pour reconstituer ces fameuses conditions sur ma terrasse ? Voici la recette que j’ai testée : un pot en argile (qui permet à l’eau de s’évaporer d’avantage), un terreau assez pauvre mélangé à de nombreux cailloux et gravats calcaires, un « paillage » réalisé avec les mêmes cailloux et quelques bonnes semaines d’observation pour déterminer l’endroit de la terrasse le plus exposé au vent et au soleil… Et le tour était -presque- joué. Pourquoi « presque » ? Parce que l’un de mes précieux plants n’a pas supporté l’hiver. Sa disparition reste un mystère, mais c’est ainsi : mon plant d’Edelweiss restant était bien solitaire, et je me suis dit que son aventure se terminerait là…
Quelle joie lorsque j’ai remarqué qu’il faisait deux hampes florales… Les voici donc, mes précieuses amies : deux fleurs d’Edelweiss que je vais saluer tous les matins. Une chose est certaine, ma prochaine visite au jardin de Champex-Lac annonce l’achat de quelques autres plants, et l’agrandissement de mon biotope alpin 🙂
Observer, nous dit la permaculture…
Toute cette histoire illustre bien l’un des principes proposés par la permaculture : observer et interagir, non seulement avec nous-mêmes (l’introspection est nécessaire à l’avancée et à l’équilibre de tout projet) mais aussi avec notre environnement. En gardant l’oeil ouvert, la nature peut nous apporter énormément d’informations utiles à la réussite d’un système permacole. Quelles sont les conditions naturelles de vie de cette plante ou de cet animal ? Comment le système plante-terrain-climat-faune fonctionne-t-il ? Quels sont ses besoins ? Comment se comporte-t-il au fil des saisons ? Etc. Ainsi, il devient possible d’apprendre et de reproduire les modèles proposés par la nature, ayant permis la perpétuation de la vie depuis des millions d’années. Il peut s’agir comme ici de recréer un micro-climat alpin pour une jolie plante, mais ce modèle peut aussi s’appliquer aux projets de tous les jours : créer un habitat résilient, choisir un emploi en accord avec les autres éléments du quotidien, ou encore produire une partie de sa nourriture… Car la nature, forte d’une longue expérience, a trouvé des astuces incroyables pour que chaque élément croisse, vive et se perpétue en harmonie avec le reste de son environnement, pour un fonctionnement optimal du tout. Cela semble un bon exemple à suivre, non ?