Artemisia annua, un résumé pour vous éclairer
L’Artemisia annua a certes de nombreuses propriétés médicinales connues et reconnues, mais elle est le sujet de tant de débats qu’on s’y perd. Internet regorge d’informations incomplètes, et pour cause ! L’Artemisia est au centre d’un combat qui la dépasse complètement. Argent, jeux de pouvoir et lobbying, elle s’en bat les étamines… N’empêche qu’elle a beaucoup à apporter. Voici le résumé d’une lecture fort inspirante, utile à tous-tes ceux et celles qui désirent la comprendre un peu mieux.
Un combat pour la reconnaissance de l’Artemisia
Le Dr Lucile Cornet-Vernet, auteure du livre que je vous recommande, est orthodontiste… Rien à voir, me direz-vous, avec la phytothérapie. En recherche de sens, son chemin de vie l’a pourtant conduite à se dévouer corps et biens à la reconnaissance de l’Artemisia en tant que solution simple et efficace pour soigner le paludisme (= malaria). Elle offre donc le récit fort inspirant de son parcours, jalonné d’embûches mais aussi très bien accompagné, au travers des multiples institutions susceptibles de « valider » la plante en tant que thérapie. Elle y livre les résultats impressionnants des différentes études menées selon les règles de l’art par son collectif en Afrique, le résumé d’autres recherches menées à travers le monde, ainsi que pléthore d’anecdotes à propos de l’utilisation déjà ancienne de cette plante, notamment en Orient et en Afrique…
Mais alors, que nous apprennent ces études ? Notamment, que l’Artemisia annua provoque énormément moins d’effets secondaires que les médicaments anti-paludéens actuellement recommandés par l’OMS, se conserve bien mieux, et permet d’éradiquer la totalité des parasites dans le sang des personnes impaludées, ce qui brise la chaîne de transmission du parasite et évite ainsi les phénomènes de résistance si problématiques. Lors des études, les chercheurs ont également remarqué que le traitement conduit à la baisse significative des éventuels autres parasites présents chez les patients (parasites intestinaux), a un effet bénéfique sur l’anémie ainsi que sur d’autres maladies telles que la tuberculose. Traditionnellement utilisée en cas de grippe ou de maladies virales, antiparasitaire et immunostimulante, elle a fait ses preuves depuis longtemps et sous bien des cieux, preuves confirmées par les recherches récentes.
Alors, pourquoi certaines autorités s’attèlent avec tant d’acharnement à discréditer cette plante ? Pourquoi ne pas, au contraire, tout faire pour la rendre accessible à tout un chacun, offrant ainsi un traitement gratuit à ceux qui n’ont dans tous les cas pas les moyens de se payer des médicaments anti-paludéens (sachant que près de la moitié des médicaments anti-paludéens en Afrique sont des faux importés de Chine ou d’Inde, la question est d’autant plus pertinente…) ? La réponse réside vraisemblablement dans le marché du médicament (et des faux médicaments), tellement plus rentable qu’une simple plante que chacun-e peut faire pousser dans son jardin… Quand on lit, dans l’ouvrage de Lucile Cornet-Vernet, que le responsable sur place des recherches scientifiques menées par son collectif a été victime de deux tentatives d’assassinat, on se dit que les enjeux sont probablement bien plus importants que ce qu’on ose imaginer…
Alors, comment l’utiliser ?
Ce blog n’est pas l’endroit pour recommander un traitement quel qu’il soit, c’est pourquoi je m’en tiendrai à énumérer les informations transmises dans l’ouvrage mentionné, validées par des médecins reconnus, par différentes études menées à travers le monde, ainsi que par la pratique.
Espèces botaniques : Les études ont été menées sur Artemisia annua (plante annuelle, d’origine chinoise) et Artemisia afra (plante vivace, d’origine africaine). Il existe d’autres variétés d’Artemisia (l’absinthe en est une !) en Europe et à travers le monde. Dans le cas du paludisme, l’Artemisia annua et l’Artemisia afra offrent les mêmes résultats, alors même que l’Artemisia afra ne contient pas d’artemisinine, la molécule qui fait tant débat. On constate ainsi que la magie des plantes nous dépasse encore, puisque la communauté scientifique était convaincue jusqu’à récemment que l’artemisinine était spécifiquement la molécule contenue dans l’Artemisia permettant de lutter contre le paludisme. Petite note en passant : l’Artemisia afra ne résiste pas au gel, c’est pourquoi elle n’est pas adaptée à notre climat. On utilise sous nos latitudes l’Artemisia annua, qui est une annuelle. Cela veut dire qu’elle ne résiste de toute façon pas à l’hiver. Si quelqu’un veut vous vendre un planton d’Artemisia annua en septembre (ce que j’ai vu faire), ne l’achetez donc pas, votre plant mourra probablement durant l’hiver ! La culture d’Artemisia est assez facile et nous en avons eu de très beaux plants dans notre jardin du Val-de-Ruz, dans la région de Neuchâtel (un article suivra prochainement à ce sujet 🙂 ).
Propriétés thérapeutiques observées chez Artemisia annua : immunostimulante, antibactérienne, antioxydante, antiparasitaire, antivirale, antiinflammatoire, répulsive sur certains insectes, et éventuellement anticancéreuse. Elle a un effet prophylactique (de prévention) sur le paludisme, évitant aux personnes qui l’utilisent correctement de contracter la maladie. Il semble également qu’elle soit efficace contre l’anémie et la tuberculose (les recherches sont en cours), ainsi que contre d’autres maladies parasitaires. L’ouvrage du Dr Christian Perronne, « La vérité sur la maladie de Lyme », nous apprend également qu’elle est efficace contre la borréliose et la babésiose, infections parasitaires transmises par les tiques.
Effets secondaires : Les études présentées dans l’ouvrage démontrent que l’Artemisia annua, lorsqu’elle est prise en totum (c’est-à-dire lorsque la plante est utilisée dans son entier, contenant une multitude de principes actifs), présente des effets secondaires extrêmement moins fréquents que les médicaments anti-paludéens actuellement recommandés par la plupart des autorités (dont l’OMS). On insiste ici sur la prise de la plante entière et non sur la prise de principes actifs isolés, tels que les médicaments à base d’artemisinine, qui présentent quant à eux une grande fréquence d’effets secondaires (toujours selon les études relatées dans l’ouvrage). La plante est traditionnellement utilisée également chez les enfants et la femme enceinte, sans démontrer d’avantage d’effets secondaires.
Mode de préparation : La pratique a montré que, dans le cas du paludisme, l’Artemisia annua doit impérativement être préparée avec de l’eau bouillante et non bouillie puis refroidie. L’eau est donc versée à 100°C sur la plante, qui est infusée à couvert durant 15 minutes, filtrée, puis bue. On pourra même faire bouillir la plante avec l’eau quelques minutes… mais la plante préparée avec de l’eau refroidie ne dégagera pas les mêmes principes actifs, et n’aura donc pas les mêmes propriétés que la plante correctement préparée.
Posologie : La posologie recommandée pour la prévention et le traitement du paludisme est la suivante :
- Pour la prévention du paludisme : boire 1 bol (3 dl) d’infusion d’Artemisia annua par jour, préparée à raison de 5 g de plante sèche (feuilles et tiges) pour 1 l d’eau bouillante. C’est-à-dire, environ 1.5 g (1 c.c.) de plante pour 1 tasse de 3 dl. A consommer tous les jours.
- Pour le traitement du paludisme : boire 1 litre d’infusion par jour pendant 7 jours, préparée comme ci-dessus. Boire le litre en 3 fois durant la journée.
Et la grippe ?
Pour ce qui est de soigner la grippe, quelle qu’elle soit, ce blog n’est à nouveau pas l’endroit pour faire des recommandations. Mon avis tout à fait personnel est qu’une plante correctement utilisée, reconnue pour son action immunostimulante et antivirale, ne peut pas faire de mal… Mais qu’il faut tout de même se méfier de l’effet de mode : une plante à elle seule ne soignera jamais de tout, car la santé passe par bien d’autres biais et facteurs. Le sommeil, l’alimentation, la sérénité… et la joie de vivre ! 🙂
Pour mieux comprendre l’Artemisia, je vous recommande vivement la lecture, rapide et intéressante, de l’ouvrage de Lucile Cornet-Vernet et Laurence Couquiaud, « Artemisia, une plante pour éradiquer le paludisme ». Editions Actes Sud, collection Domaine du Possible, 2018.
Merci Claudine pour ces précisions au sujet de cette plante qui mérite de trouver sa place dans nos jardins!
As-tu des conseils de culture?, notamment pour les semis, je sais qu’elle est capricieuse…
Avec plaisir Elodie. Je suis bien d’accord, cette plante est précieuse à avoir au jardin ! Concernant sa culture, la vidéo de l’association Kokopelli donne de précieuses informations (ici : https://kokopelli-semences.fr/fr/p/F1159-artemisia-annua). Je ne suis par contre pas d’accord avec leur conseil d’amender les trous de plantation avec de l’ortie broyée ou du compost, puisque comme on le sait, la fertilisation du sol se fait naturellement par la surface… et dans un sol très argileux, enfouir des orties broyées ou des matières peu décomposées peut être contre-productif, en provoquant le pourrissement de la matière et une acidification du sol néfaste à la plante repiquée… Et enfin, j’insiste sur le fait que la graine germe à la lumière, donc pas besoin de la recouvrir de terreau ou seulement très peu (idéalement, terreau + sable), en maintenant bien la terre humide à l’aide d’un brumisateur. Chez nous, les graines ont toujours bien levé 🙂 Mais je ne les repique en pleine terre qu’après les Saints de Glace, si bien que je sème d’abord en terrine, puis repique en godets en attendant que les risques de gelée soient passés. C’est peut-être un peu différent dans la Broye, tu me rediras 🙂