Le « sans shampoing » ou « no-poo », comment faire et est-ce que ça marche vraiment ?
Ne plus utiliser de shampoing du tout, autant pour préserver sa propre santé que celle de la planète, ça vous tente ? Mais comment faire, et est-ce que ça fonctionne vraiment ? Voici mon retour d’expérience !
« No-poo »
Comme nous l’avions souligné dans cet article, les shampoings liquides sont au mieux une arnaque, au pire dangereux pour l’environnement et la santé. Outre l’avantage d’éviter les déchets dus à l’emballage, ceci explique la quotte des shampoings solides… Et certain-es vont encore plus loin en choisissant carrément de se passer de shampoing. Cette pratique a même un nom : le « no-poo » (comprenez par là « no shampoo »).
Soyons clairs, cela ne signifie pas ne pas se laver les cheveux, mais bien ne pas les laver avec du shampoing… Mais comment faire, concrètement, pour avoir des cheveux « propres » sans pour autant utiliser de savon ?
Étape numéro 1 : réguler le cuir chevelu
Dans un premier temps, il s’agira de réguler la production de sébum du cuir chevelu, sur-stimulée par les shampouinages successifs. En effet, le sébum est naturellement sécrété par notre peau afin de la protéger des agressions extérieures et du dessèchement. Or, les nettoyages au savon ont pour effet de supprimer les saletés, certes, mais aussi le sébum qui la protège… Ainsi, plus nous « décapons » notre cuir chevelu (et notre peau… avis aux acnéiques !) à l’aide de savons, plus notre corps tentera de compenser la perte de sébum en provoquant souvent une sur-production. Outre le dessèchement du cuir chevelu induisant démangeaisons, pellicules et autres joyeusetés, ceci conduit à un re-graissage ultra-rapide… Cercle vicieux s’il en est !
Pour réguler le cuir chevelu après des années de shampouinage bien agressifs, il n’y a pas de miracle… la patience sera de mise. En premier lieu, il sera nécessaire d’espacer les shampoings jusqu’à les supprimer totalement. Ceci permettra au cuir chevelu de réguler naturellement la production de sébum jusqu’à ce qu’elle ne soit plus excessive mais simplement suffisante. Admettons-le : plus vos cheveux sont raides, plus il est difficile d’atteindre le stade « simplement suffisant » (rendez-vous à la fin de cet article pour mon expérience personnelle).
Heureusement, le vinaigre de cidre est un allier vraiment efficace pour réguler tout ça. Il suffira d’appliquer sur le cuir chevelu et les cheveux, après chaque shampoing, un mélange de vinaigre de cidre et d’eau (environ 1 part de vinaigre pour 6 parts d’eau), sans même rincer. Promis, ça sent mauvais quand c’est encore humide mais une fois les cheveux secs vous n’aurez plus l’impression de vous êtres lavées à la vinaigrette ! Une fois par mois, vous pouvez également appliquer ce mélange puis laisser reposer sous une serviette humide pendant quelques heures, voir toute la nuit, avant de rincer.
Etape numéro 2 : maintenir le cheveux propres et sains
L’idée du no-poo est d’avoir les cheveux propres sans pour autant utiliser de shampoing. Pour cela, il faudra les nettoyer de toutes les poussières et autres « saletés » solides (dont la pollution) qu’ils accumulent au fil de la journée. Deux méthodes complémentaires s’offrent à vous :
* D’une part, nettoyer vos cheveux à l’eau chaude seule puis éventuellement appliquer du vinaigre de cidre dilué. Lors du nettoyage, l’idéal sera de bien masser le cuir chevelu pour désincruster les saletés.
* D’autre part, brosser les cheveux soigneusement tous les soirs (même avant de les laver à l’eau), de la racine aux pointes, en utilisant des brosses en crins naturels ou des peignes à dents très serrées. Cette étape est nécessaire car, en plus de retirer les poussières, elle permet de répartir sur toute la longueur des cheveux le sébum produit à leurs racines, qui protégera les cheveux tout en les nourrissant. Avant le brossage, on pourra masser vigoureusement le cuir chevelu pour le tonifier tout en désincrustant les saletés.
Évidemment, lorsque vous prévoyez un chantier ou une grillade, l’idéal est de couvrir vos cheveux pour les protéger de la poussière et des odeurs. Les turbans et autres foulards peuvent paraître désuets, mais ils font tout leur effet si les couleurs s’accordent à au teint et qu’on sait joliment les attacher.
Ce qu’il ne faut pas faire
Certain-es adeptes du no-poo recommandent d’utiliser du bicarbonate de sodium dissout dans de l’eau pour nettoyer le cuir chevelu et les cheveux, puis de rincer au vinaigre de cidre dilué. C’est une fausse bonne idée ! Car même si le bicarbonate a des propriétés antibactériennes et dégraissantes intéressantes, il est agressif pour la plupart des peaux notamment en raison de son pH trop bas (la peau est légèrement acide, alors que le bicarbonate est basique), son caractère abrasif est potentiellement irritant s’il est utilisé en massage du cuir chevelu, et son action dégraissante risque de « décaper » le sébum de votre peau tout autant – voir d’avantage – qu’un shampoing conventionnel. Alors, si vous souhaitez tenter le no-poo, je vous recommande de ne remplacer la shampoing par aucun autre supposé agent nettoyant, et encore moins par le bicarbonate de sodium.
Est-ce que ça fonctionne vraiment ? Mon expérience du no-poo…
Avant ma phase no-poo, mes cheveux re-graissaient extrêmement vite. Je les lavais tous les jours à l’aide de shampoings liquides, mon cuir chevelu était très sec (bonjour les pellicules !) et me démangeait. Désireuse de simplifier ma vie autant que possible et de préserver l’environnement ainsi que ma santé, j’ai « pratiqué » le no-poo pendant environ 6 mois. Voici mon retour d’expérience (qui pourrait être très différent pour vous !)…
* S’habituer à ses nouveaux cheveux : Les premières semaines, j’ai sincèrement dû me réhabituer à mes cheveux. Ils avaient une odeur… de cheveux ! Pas désagréable d’ailleurs, mais bien différente de celle des shampoings parfumés. Ils avaient également « du corps », étaient plus solides, se laissaient coiffer facilement sans retomber. Très honnêtement, j’aimais beaucoup la texture de mes cheveux en mode no-poo !
* Ça fait vraiment du bien aux cuir chevelu : Une fois la phase d’acclimatation passée et la production de sébum plus ou moins régularisée, j’ai constaté à quel point le no-poo faisait du bien à mon cuir chevelu. Naturellement graissé et protégé de la déshydratation, il ne me démangeait plus et adieu les pellicules. Après des années de combat contre l’envie de me gratter, ça m’a fait beaucoup de bien.
* Oui mais… : Le no-poo est parfait pour les cheveux frisés ou ondulés, car ils ont naturellement du volume et n’ont jamais l’air gras (en tout cas, c’est mon impression après avoir attentivement observé mes amies « no-poo » aux cheveux bouclés). Or, mes cheveux sont très, très raides. Pas un seul frisotti, jamais, jamais ! C’est probablement pour cela que j’ai fini par arrêter le no-poo : des cheveux raides, même propres et soignés mais un peu gras, sont une catastrophe car ils donnent très vite l’impression d’être trop gras. Une amie sincère à qui j’ai posé la question après 5 mois de no-poo m’a dit qu’ils avaient l’air « pas très frais, mais pas sales non plus ». Ce n’est donc pas dramatique (le pire aurait été qu’ils aient l’air sales), mais pas flatteur non plus… Avant de commencer le no-poo, j’étais convaincue que la phase d’acclimatation durerait quelques semaines, ce que les multiples blogs sur le sujet assurent : selon eux, après 3 à 4 semaines les cheveux devraient à nouveau avoir l’air « normaux ». En réalité, du moment que des cheveux raides sont légèrement gras, ils ont sincèrement l’air « pas très frais ». Or, avec le no-poo on cherche justement à maintenir les cheveux légèrement gras ! Les cheveux raides en mode no-poo sont donc, à mon avis, condamnés à avoir l’air un peu gras. Cela se cache facilement, d’autant plus que les cheveux « no-poo » se laissent magnifiquement coiffer : rien de plus beau qu’une tresse de beaux cheveux sains et épais, qui tient bien et a du volume… Mais, moi qui ne prends jamais le temps de me coiffer, j’ai fini par céder à la tentation du shampoing.
Durant mes 6 mois de no-poo, j’étais à la campagne en train de cultiver des plantes médicinales en permaculture, entourée d’amis qui n’accordaient aucune importance à l’apparence, et n’avais pas du tout la sensation d’avoir l’air sale. Mais lorsque je suis retournée « à la ville » et après que plusieurs personnes m’aient offert du shampoing (pour de vrai !), j’ai réalisé que quand on a les cheveux ultra-raides, le fait de les laisser « avoir l’air pas très frais » ne passe pas inaperçu. J’ai fini par les laver au shampoing pour les occasions spéciales, puis régulièrement. Aujourd’hui, j’emploie exclusivement des shampoings solides aussi naturels que possible, continue de rincer mes cheveux au vinaigre dilué, et remercie grandement ma phase no-poo. Car cela a permis de réguler considérablement mon cuir chevelu, a supprimé les démangeaisons et pellicules, et je n’ai besoin plus que d’un à deux shampoings par semaine. Et ça, ça change la vie !
Claudine,
Cela fait 2 ans que je ne lave plus mes cheveux, juste l’eau du lac en été !
Je voudrais alors revenir sur la question de l’aspect gras des cheveux. J’ai peu de cheveux et ils sont très fins, donc je vois bien ce que tu veux dire.
Cependant, j’ai trouvé une astuce pour remplacer le shampoing : j’utilise les poudres de terre comme rahsoul ou brahmi. C’est très efficace. Chaque fois que je sens le besoin par rapport à l’entourage d’avoir une chevelure d’aspect « normal », j’utilise l’une ou l’autre poudre. On en utilise peu et rarement.
Au début, je douchais simplement mes cheveux à l’eau et J’ai remarqué aussi que lorsque je le faisais, cela empirait. J’ai alors décidé de ne plus utiliser d’eau du robinet, que l’eau douce des lacs et rivières.
L’hygiène de vie entre en compte aussi. Peutetre que mon alimentation y est pour qqch (végétarienne avec très peu de céréales et sans produits laitiers), ainsi que la réduction du stress au minimum.
Pour rien au monde je ne retournerais vers un quelconque autre produit pour mes cheveux ou mon corps.
En souhaitant que tu tentes à nouveau le coup !
Bien à toi
Viviane
Merci beaucoup Viviane pour ce commentaire et ces astuces très intéressants ! J’admets ne jamais avoir tenté les rahsoul et autres terres, et je me lavais les cheveux avec l’eau du robinet qui est plutôt calcaire dans ma région. J’étais alors végétarienne, mais dans une situation de grands changements, ce qui peut aussi avoir une influence comme tu le dis.
Tes conseils me donnent envie de tenter à nouveau l’expérience ! Personnellement, j’aimais beaucoup la texture de mes cheveux en mode no-poo… On verra si j’ai le cran de m’y remettre 🙂