Les couches lavables, comment faire et pourquoi

Les couches lavables, comment faire et pourquoi

15 février 2022 2 Par Claudine

Voici tout d’abord une anecdote : lorsque notre petit garçon avait un an, nous sommes allés au camping pour une semaine et avons exceptionnellement utilisé des couches jetables. A la fin des vacances, nous étions infiniment heureux de retrouver les couches lavables, car nous trouvions les couches jetables bien moins pratiques et ne supportions pas leur odeur !

Notre kit de change

Avant la naissance de Bébé, nous avons réfléchi… Moralement, pouvions-nous envisager de remplir des poubelles de couches jetables (même bios) durant les années à venir ? Pour Stéphane, la réponse était claire : jamais de la vie. Pour moi, ce n’était pas si évident. Malgré ma préférence pour les couches lavables, l’idée de leur entretien m’effrayait. Nous avons donc fait un compromis : durant les trois premiers mois, nous avons loué un kit d’essai dans une entreprise locale (La Couchothèque) afin de tester l’affaire… Si cela ne me convenait pas au bout du compte, nous passerions aux couches jetables.

Il a suffi de deux mois pour me convaincre définitivement que les couches lavables ne sont ni un cauchemar nauséabond ni synonyme d’interminables heures de lessive, mais bien pratiques et tout à fait gérables. Le système qui nous a aussitôt convenu est le « TE 2 », ou « Tout en 2 » : un lange ou insert en coton recouvert d’une culotte de protection imperméable et réglable en PUL (tissu polyester). (Pour plus d’informations sur tous les systèmes existants, le blog L’heure de la sieste vous aiguillera à merveille.)

Nous avons donc investi d’abord dans quelques couches et inserts, puis avons complété notre « kit ». Au final, il se compose maintenant d’environ :

  • 20 culottes de protection en PUL,
  • 30 langes en coton bio + 5 inserts pour la nuit, plus épais,
  • 40 lingettes en coton pour nettoyer les fesses de Bébé entre deux changes,
  • 2 sacs imperméables en PUL, à fermetures éclairs, pour les changes à l’extérieur…

Toutes les couches ne sont pas systématiquement utilisées, mais nous avons ainsi de la marge pour laisser de la réserve dans le sac de sortie. Au rythme de deux demies-lessives par semaine, cela fonctionne très bien !

Et le lavage ?

Il faut vous faire à cette l’idée : si vous choisissez les couches lavables, vous devrez mettre vous-mêmes les selles solides aux toilettes. Ce n’est pas affreusement repoussant et on s’y fait, promis. Lorsque Bébé se nourrit encore exclusivement de lait, ses selles sont très liquides et se rincent facilement à l’eau. Mais dès qu’il mange solide, il faut détacher les selles du lange (l’option « gaze de protection jetable », placée sur le lange, vous permet de jeter uniquement la gaze directement avec les selles… cela voulait dire jeter quelque chose, nous n’avons donc pas choisi cette option). Gaze de protection ou pas, voici comment nettoyer les couches :

  • Rincez bien les langes, couches et lingettes à l’eau froide (l’eau chaude fixe les taches).
  • Conservez le tout dans une poubelle à couvercle jusqu’au jour de lessive.
  • Lors du lavage, faites un premier cycle « rinçage seul » avec les couches, langes et lingettes seulement. Ce programme dure environ 20 minutes et permet d’enlever les restes de pipi et de selles.
  • Ajoutez le linge non délicat, le détergent, et lavez l’ensemble à 40° C maximum voir 60° C selon les couches (se référer à l’étiquette). Attention, les culottes de protection en PUL ne doivent pas sécher au sèche-linge, cela les abîme (nous avons fait l’expérience…).
  • Pour un nettoyage plus en profondeur, lavez de temps en temps les langes et lingettes à 90° C en ajoutant un peu de percarbonate de soude directement dans le tambour de la machine. Elles ressortiront blanches comme neige.

Et les rougeurs ?

Les couches lavables ne provoquent a priori pas d’avantage de rougeurs que les couches jetables, mais cela dépend de la peau de Bébé et de ce qu’il mange. En cas de rougeurs malgré tout, un baume gras et nourrissant appliqué sur les fesses bien sèches permet de protéger la peau de Bébé de l’acidité des selles et du pipi. Pour éviter tout pesticide (potentiellement irritants) dans le tissu en contact avec la peau de Bébé, je vous recommande d’opter pour les langes en coton bio.

Notez par ailleurs que les parfums de synthèse et autres produits contenus dans les couches jetables, absents des couches lavables, peuvent également provoquer des allergies et des rougeurs selon la sensibilité de Bébé.

Et les odeurs ?

Malgré ce que l’on pourrait croire, les couches lavables ne sentent pas plus fort que les couches jetables, bien au contraire. Selon moi, couche jetable + pipi produit une odeur très désagréable que je n’ai jamais sentie avec les couches lavables. De plus, les couches lavables une fois rincées, attendant sagement d’être lavées dans leur poubelle à couvercle, ne sentent rien contrairement aux couches jetables dans votre poubelle. 

Et les fuites ?

Soyons honnêtes, il peut y avoir des fuites, surtout lorsque Bébé boit des biberons d’eau entiers durant l’été, ou si le lange se déplace dans la culotte de protection. Mais cela reste tout à fait gérable. Pour éviter les fuites durant la nuit, je vous conseille de mettre deux langes superposés pour un maximum d’absorption, ou d’utiliser des langes spéciaux « super absorbants » pour la nuit (molletons ou rectangles épais de coton).

Et les inconvénients ?

Le seul inconvénient notable est que les couches lavables sont disponibles en trois tailles : 0-3 mois (naissance-6kg), 3 mois-2 ans, et 2 ans et +. A moins de prévoir d’avoir plusieurs enfants, il ne vaut probablement pas la peine d’acheter des couches lavables pour les 3 premiers mois de la vie de Bébé… Cependant, si vous décidez de faire l’investissement, ce sera une belle occasion de partage de ressources ! Vous pourrez ainsi prêter ou donner le « kit naissance » à qui en a besoin. En trois mois, les couches ne s’useront pas beaucoup et elles pourront ainsi être réutilisées pour 1, 2, 3… 10 bébés ?

Notez également que les couches lavables prennent de la place, si bien que Bébé aura l’air d’avoir un plus gros popotin et que certains pantalons prévus pour son âge seront trop petits. Qu’à cela ne tienne, il suffit d’utiliser des pantalons un peu plus grands.

Hormis les lessives et l’organisation que nécessite l’utilisation de couches lavables, nous n’avons jamais observé d’autres inconvénients. Cependant, je vous recommande d’en discuter avec votre conjoint-e… Si Stéphane n’avait pas été convaincu et prêt à aider, je n’aurais pas tenté l’aventure, même si cela n’ajoute pas une quantité énorme de travail. Le partage des tâches, c’est une question de principe !

Bilans écologiques et financiers

Personne à ma connaissance n’a calculé le cycle de vie d’une couche jetable vs. couche lavable… Mais le calcul me semble simple comme bonjour et voici mes arguments :

  • Les couches lavables nécessitent des matériaux de production (eau, fibres, plastique pour la couche de protection en PUL, etc.) et de transport une seule fois dans leur vie… Les couches jetables nécessitent en réalité les mêmes matériaux, multipliés par le nombre de couches + les matériaux d’emballage + le transport.
  • La durée de vie d’une couche lavable peut aller jusqu’à plusieurs années. Celle d’une couche jetable, maximum une nuit, soit environ 8h.
  • C’est vrai, les couches lavables nécessitent de l’eau, du savon et de l’électricité pour les rinçages et lavages.  Pour un enfant, cela revient à une lessive en plus par semaine (deux demies-lessives) puisqu’on peut tout à fait ajouter d’autres vêtements une fois les couches rincées…
  • …Mais avez-vous pensé à l’énergie et aux matériaux nécessaires à la confection des sacs poubelles, à leur transport et à l’incinération des couches jetables ?

En terme financiers, les couches lavables + lingettes + sacs de transport + poubelle a couvercle nous ont coûté environ 550.-. La lessive des couches coûte environ 1.50 CHF par semaine (lavage + détergent). Si vous faites le calcul de ce que vous coûteraient les couches et lingettes jetables, n’oubliez pas de compter les frais de transport pour aller les acheter et le prix du sac poubelle (chez nous, taxé au volume). Notez que nous avons acheté les couches de protection en France, où l’on trouve les mêmes marques et modèles qu’en Suisse, mais deux fois moins cher… Et que les couches se trouvent facilement en seconde main !

Cet extrait du livre « No Impact Man », de Colin Beavan, illustre à mon sens parfaitement le débat : « En les lavant deux fois par semaine, une trentaine de couches en tissu seulement sont nécessaires pour élever un enfant. Certes, la lessive des langes a un impact sur la planète (consommation d’eau, chauffage de l’eau, etc.), mais si vous utilisez des couches en plastique, à l’âge de deux ans, votre enfant en aura souillé 4000. Qu’on me dise en quoi laver 104 fois trente rectangles de tissu pourrait être pire que de pomper du pétrole au Moyen-Orient, l’acheminer vers des usines, disons en Chine, expédier les couches qui en ressortent aux Etats-Unis et enfin ensevelir ces 4000 couches sales ? ».

Bref, nous ne passerions pour rien au monde au système des couches jetables. Soit… Mais je vous recommande quoi qu’il en soit de tester les couches lavables avant de vous lancer et de prendre la décision en votre âme et conscience, selon votre quotidien et vos impératifs. Si vous êtes convaincu-es, la fameuse lessive supplémentaire par semaine et l’investissement financier de départ vous sembleront légers comme l’air 🙂