Bain ou pas bain ?
Bain ou pas bain ? En tant qu' »écolo », cette question se pose souvent et cache en réalité une réflexion bien plus grande… Bienvenue dans ma tête, où des situations a priori anodines deviennent problématiques pour rien du tout, au final. Comme pour vous, j’en suis sûre !
Est-ce que je prends soin de ma planète ?
Il y a 4 ans, dès que nous avons emménagé dans notre appartement avec baignoire, la question du bain m’a taraudée. « J’ai envie d’un bain, ça me ferait du bien ! » dit une petite voix dans ma tête. « Oui, mais ce n’est pas écolo« , dit une autre petite voix. Cela vous arrive aussi souvent, j’en suis sûre ! Quasi toujours pendant 3 ans, c’est la seconde petite voix qui a pris le dessus et je n’ai quasiment jamais pris de bain au profit de la douche. Plus courte, nécessitant moins d’eau, elle est certes bien plus écologique. A priori.
J’ai donc sacrifié mon envie de bain (et de détente) sur l’autel de la culpabilité. Car oui, il s’agit bien là de culpabilité… « Tu fais du mal à ta planète !« , « Tu ne prends pas soin du vivant !« , « Tu es égoïste ! » sont autant de réflexions qui me sautaient à la figure chaque fois que l’ombre de l’envie d’un bain m’effleurait.
« Dans le fond, personne n’a absolument besoin d’un bain, l’important est de maintenir une bonne hygiène personnelle et ainsi, une bonne santé, non ? Dans le fond donc, je pourrais utiliser 5 litres d’eau un jour sur deux pour me laver à l’ancienne, dans ma baignoire vide, avec une lavette et du savon. Ou même pas de savon, en fait. Et à l’eau froide. » Si vous ne vous l’êtes peut-être jamais dit, moi oui. Et pourtant, je ne l’ai jamais fait. Sauf en camping, et sans baignoire. C’était pas top, mais bon, c’était du camping. La question est donc la suivante : ai-je envie de faire du camping tous les jours dans mon appartement ? La réponse est clairement… non ! (PS : un très bon sketch de 120 secondes parlait du sujet des « écolos à outrance » qui finissent pas vivre nus dans des grottes, je remercie quiconque mettra le lien en commentaire 🙂 )
Est-ce que je prends soin de moi ?
Il m’a ainsi fallu 3 ans pour oser commencer à me poser la question suivante : « D’accord, ce n’est pas super écologique de prendre un bain. Mais dans le fond, est-ce que de temps en temps, je ne pourrais pas aussi prendre soin de moi ?« .
Rappelez-vous, la permaculture repose sur 3 éthiques toutes aussi importantes les unes que les autres. Prendre soin des humain-es ; Prendre soin du vivant ; Prendre sa juste part et partager équitablement les surplus. Ces trois éthiques m’ont aidée à réfléchir à la question du bain. Ok, quand je n’en prends pas j’utilise moins de ressources et prends donc d’avantage soin du vivant (de la planète) tout en partageant équitablement, ce qui prend d’avantage soin des humain-es. Mais, ne suis-je pas aussi humaine ? Et quelle est ma juste part ?
Voici la vraie question. Comment définir quelle est ma juste part ? Comment savoir si je ne m’oublie pas totalement dans ma recherche de soin au vivant ? En ce qui concerne le sujet de cette chronique, j’ai fini par m’autoriser un bain de temps en temps lorsque je juge cela nécessaire pour mon bien-être. Autrement dit, lorsque je considère que les bénéfices sont supérieurs aux éventuels effets néfastes, pour tous-tes y compris moi-même, aujourd’hui et dans l’avenir possible. Dit comme ça, on se rend vite compte qu’en réalité on ne possède jamais toutes les données du « problème ». On ne peut donc que faire u mieux !
Les super-héros écolos
Tout ceci m’amène à la dernière question. Lorsque nous nous faisons du mouron, que nous nous torturons l’esprit pour imaginer ce qui est ou n’est pas écologique, prenons-nous soin de nous ? Lorsque nous jugeons que quelque chose serait véritablement bénéfique pour nous mais pas extrêmement écolo, devons-nous nous « sacrifier » sur ce fameux autel de la culpabilité ? Je n’ai pas la réponse, loin de là, et je pense sincèrement que le « curseur » de chacun-e devrait être la seule véritable limite (ok, sans compter le curseur de Jeff Bezos et compères). Mais je sais qu’à force de ne pas prendre soin de soi, on finit par ne plus vouloir/pouvoir prendre soin de rien. Alors, voici ce que j’en dis :
« Se transformer en super-héros écolo du jour au lendemain peut s’avérer désastreux. »
(Source : un super ouvrage dont j’ai malheureusement oublié le nom)
Parfois, autorisez-vous un bon bain qui fait du bien, faites sortir toutes ces questions de votre tête. Profitez-en à fond, optimisez-le un max ! Dites-vous que cela vous évitera peut-être 3 séances chez l’ostéo et pas mal d’anti-douleurs, vous détendra suffisamment pour ne pas vous énerver ensuite contre vos enfants, ou vous donne l’occasion de ne rien faire (pour une fois). Etc, etc… Du moment que vous pouvez sincèrement dire que cela est plus bénéfique que néfaste pour vous et pour le vivant, arrêtez de vous torturer l’esprit et profitez… Cela vous fera du bien, et fera donc du bien à la planète. Capiche ?
Merci pour cette réflexion qui peut s’appliquer à tant de domaines!
Ici pour la question du bain, une donnée rentre en compte: a-t’on assez d’eau chaude immédiatement (boiler chauffé par photovoltaïque ou au bois)? Et si oui, je sais que je vais descendre le stock. Est-ce qu’on a assez de ressources : soleil ou bois + énergie humaine de quel membre de la famille pour recharger la chaudière afin de remonter le stock de chaleur? Et j’avoue que cette contrainte pose parfois tensions au sein de la famille. Mais je suis contente qu’elle passe par une contrainte physique concrète…
Salut Elodie ! Je suis bien d’accord… Chez nous, l’eau (et tout le bâtiment) est chauffé par une pompe à chaleur, ce qui est plus écologique que le mazout par exemple. Mais quand le restaurant du dessous est en pleine activité, il y a parfois des « pénuries » d’eau chaude. Cela fait réfléchir ! Un ouvrage lu récemment proposait de créer des douches qui nécessitent que quelqu’un, un peu plus loin, pompe l’eau pour celui-celle qui se douche. Ainsi, il-elle se pose la question deux fois avant de traîner sous la douche 🙂 Je trouve l’idée un peu extrême, mais intéressante du point de vue de la réflexion.
Mon conjoint a trouvé sa solution : il utilise ensuite l’eau du bain pour tirer la chasse 😄 (moi ça m’agace un peu ce bain qui stagne pendant 3 jours mais au final l’eau est au moins utilisée 2x!)
Haha, je n’y aurais pas pensé à cette utilisation-là 🙂 Ton conjoint est un génie, quoique je comprends que cela t’agace. Pour ma part, j’utilise l’eau du bain de mon petit garçon pour arroser les plantes. Le volume de sa petite baignoire est quand même bien moins grand !